• Ghetto de Kovno

    Ghetto de Kovno

     

     

     

     

    Ghetto de Kovno

    Ghetto de Kovno,

    1941-1944

     

      Entre 1920 et 1939, Kaunas (Kovno en polonais), au centre de la Lituanie centrale, était la capitale et la plus grande ville du pays. Les juifs y étaient 35 000 à 40 000, soit environ un quart de la population totale de la ville. Ils se concentraient dans les secteurs du commerce, de l'artisanat et des professions libérales.

     

    Ghetto de Kovno

    Les environs de Kovno,

    1941-1944

      Kovno était également un centre d'études juives. La Yéshiva de Slobodka, quartier pauvre de la ville, était l'une des institutions d'études juives parmi les plus prestigieuses d'Europe. La ville comptait presque 100 organisations communautaires, 40 synagogues, de nombreuses écoles yiddish, quatre lycées enseignant en hébreux et un hôpital juif. Elle était aussi un centre important du mouvement sioniste.

     

    Ghetto de Kovno

    Deux jeunes frères assis pour une photo

    de famille dans le ghetto de Kovno.

    Un mois plus tard, ils étaient

    déportés dans le camp de Maïdanek.

    Kovno, Lituanie, février 1944

      La vie des juifs de Kovno fut boulversée par l'occupation soviétique de juin 1940. Il y eut des arrestations, des confiscations et l'interdiction de toutes les institutions libres. Les organisations municipales juives disparurent presque du jour au lendemain. Les autorités soviétiques confisquèrent les propriétés. Entre-temps, le front activiste lituanien, fondé par des nationalistes en exil à Berlin, diffusait clandestinement en Lituanie des documents de propagande antisémite. Cette propagande, entre autre chose, faisait porter aux juifs la responsabilité de l'occupation soviétique. Des centaines de juifs furent éxilés en Sibérie.

     

    Ghetto de Kovno

    Groupe d'enfants dans le ghetto de Kovno.

    Kovno, Lituanie, entre 1941 et 1943

      Lors de l'invasion de l'Union Soviétique par l'Allemagne le 22 juin 1941, les troupes soviétiques durent fuir Kovno. Immédiatement avant et aprés l'occupation de la ville par les allemands le 24 juin, des agitateurs lituaniens pro-allemands et anti-communistes commençèrent à s'attaquer aux juifs (auxquels ils attribuaient injustement la responsabilité de la répression soviétique) en particulier dans les rues Jurbarko et Krisciukaicio. Ces groupes d'extrême-droite assassinèrent des centaines de juifs et en emmenèrent de force des dizaines d'autres au garage Lietukis, dans le centre ville, où ils les massacrèrent.

     

      Début juillet 1941, des unités des Einsatzgruppen (groupes mobiles d'extermination) et leurs auxiliaires lituaniens commençèrent à tuer systématiquement les juifs dans des forts situés dans les environs de Kovno. Ces forts avaient été construits par les Tsars au 19è siècle pour assurer la défense de la ville. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants juifs furent assassinés, principalement dans le 9è fort, mais aussi dans le 4è et le 7è. Six mois aprés l'occupation de la ville, les allemands et leurs collaborateurs lituaniens avaient massacré la moitié de la population juive de Kovno.

     

      Les nazis mirent en place une administration civile sous le commandant du major général Hans Kramer. Entre juillet et la mi-août 1941, les allemands regroupèrent les juifs survivants, environ 29 000 personnes, dans un ghetto situé à Slobodka.  Il s'agissait d'une zone constituée de petites maisons primitives, sans eau courants. Le ghetto comprenait deux parties, le "petit" et le "grand" ghetto, séparés l'une de l'autre par la rue Paneriu. Chacun de ces deux ghettos était entouré de fil de fer barbelé et gardé de près. L'un et l'autre était surpeuplés, chaque personne ayant à disposition moins de trois mètres carrés d'espace. Les allemands réduisaient en permanence la taille du ghetto, ce qui obligea les habitants à déménager à plusieurs reprises. Le 4 octobre 1941, le petit ghetto fut détruit, presque tous les habitants furent exécutés aux 9è fort. Au cours du même mois, le 29 octobre, les allemands organisèrent ce qui devait être connu la "Grande Action". En un seul jour, ils éxécutèrent 9 200 juifs au 9è fort.

    Ghetto de Kovno

    Juifs emménageant dans

    le ghetto de Kovno.

    Kovno, Lituanie, 1941

      Les juifs fournissaient de la main-d'oeuvre forcée pour l'armée allemande. Ils étaient utilisés principalement sur différents sites situés hors du ghetto, notamment à la construction d'une base aérienne à Aleksotas. Le conseil juifs (Ältestenrat; conseil des anciens), dirigé par le Docteur Elchanan Elkes, créa également des ateliers au sein du ghetto pour les femmes, les enfants et les vieillards qui ne pouvaient pas participer aux brigades de travail. Ces ateliers finirent par employer presque 6 500 personnes. Le conseil espérait que les allemands ne tueraient pas les juifs travaillant pour le compte de l'armée.

    Ghetto de Kovno

    Dans le ghetto de Kovno,

    le cadavre d'un juif exécuté sur ordre

    des allemands, pend à une potence

    érigée près du bâtiment du conseil juif.

    Kovno, Lituanie, 18 novembre 1942

      A l'automne 1943, les SS prirent le contrôle du ghetto et le transformèrent en camp de concentration, qui reçut le nom de Kauen. Le rôle du conseil juif se vit drastiquement réduit. Les nazis envoyèrent plus de 3 500 juifs dans des sous-camps où tous les aspects de la vie quotidienne était régis par une stricte discipline. Le 26 octobre 1943, les SS déportèrent plus de 2 700 personnes internées dans le camp principal. Les personnes jugées aptes au travail furent envoyées dans des camps en Estonie, les enfants et les personnes âgées furent déportées à Auschwitz. Presque aucun d'entre eux survécurent.

     

      Le 8 janvier 1944, les allemands évacuèrent le camp. La plupart des juifs survivants furent déportés au camp de concentration de Dachau, en Allemagne, ou au camp de Stutthof, près de Danzing, sur la côte de la mer baltique. Trois semaines avant l'arrivée de l'armée soviétique à Kovno, les allemands rasèrent le ghetto au sol à la grenade et à la dynamite. Pas moins de 2 000 personnes périrent dans les flammes ou sous les balles en essayant de fuir.

    Ghetto de Kovno

    Photo prise par George Kadish,

    un membre de la résistance du ghetto

    de Kovno cache des provisions

    dans un puits utilisé comme entrée

    d'une cachette dans le ghetto.

    Kovno, Lituanie, 1942

      Durant toutes ces années de souffrances et d'horreurs, la communauté juive de Kovno consigna en secret son histoire, rassemblant des archives, rédigeant des journaux, réalisant des dessins et des photographies. La plupart de ces documents avaient été cachés sous terre quand le ghetto fut détruit. Découvert aprés la guerre, ces quelques restes écrits de ce qui avait été une communauté florissante sont autant de témoignages de l'oppression, de l'esprit de la résistance et de la mort de ces juifs. C'est ainsi par exemple que George Kadish (Hirsh Kadushin) prit clandestinement des photographies des épreuves de la vie quotidienne au moyen d'un appareil photo caché à travers la boutonnière de son manteau.

    Ghetto de Kovno

    Photo clandestine prise par George Kadish,

    scène photographiée lors de la déportation

     de juifs du ghetto de Kovno.

    Kovno, Lituanie, 1942

      Le ghetto de Kovno comptait plusieurs groupes de résistances juifs. Ils parvinrent à se procurer des armes, à mettre en place des lieux d'entraînements secrets dans le ghetto et à nouer des contacts avec les résistants soviétiques actifs dans les forêts des alentours. En 1943, l'organisation juive de combat (Yidishe Algemeyne Kamfs Organizatsye) unifia les principaux groupes de résistance du ghetto. Quelque 300 combattants s'en évadèrent pour aller rejoindre les partisans. Environ 70 d'entre eux moururent au combat. Le conseil juif de Kovno soutint activement les organisations clandestines du ghetto. De plus, un certain nombre de membres de la police juive participèrent aussi à la résistance. Les allemands exécutèrent 34 membres de la police juive à ce titre.

     

      Kovno fut libéré par l'armée soviétique le 1er août 1944. Quelques rares juifs avaient survécu, 500 cachés dans les forêts ou dans des bunkers. Les allemands avaient évacués 2 500 autres juifs vers les camps de concentration d'Allemagne.

     

     

     

     

     

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