• Témoignage (ghetto de Cracovie)

     

     

     

    Témoignage (ghetto de Cracovie)

    Jacob Wasserman

     

     

    Jacob Wasserman

    Cracovie, Pologne

      Jacob était l'aîné des trois fils nés dans une famille juive pratiquante de Cracovie. Son père était marchand de farine. Les Wasserman passaient leurs vacances d'été près de Proszowice, dans la ferme du grand-père qui dirigeait également un moulin à blé.

     

    1933-1939 :

      "En mars 1939, à 13 ans, j'ai célébré ma bar-mitzvah. Cet été-là, nous sommes allés comme d'habitude passer nos vacances chez mon grand-père. A notre retour, nous nous sommes retrouvés en plein cauchemard. Cracovie était occupée par les allemands depuis le 6 septembre. Les juifs n'avaient plus le droit de marcher sur les trottoirs, d'emprunter les tramways ni même de posséder une radio. Nous avions même peur de marcher dans les rues parce que les juifs étaient souvent kidnappés et battus."

     

    1940-1945 :

      "En 1940, nous nous sommes installés dans la ferme. Un samedi matin, très tôt, les juifs de la région ont été raflés. On nous a conduits à pied jusqu'à Proszowice. Un policier polonais, deux cadavres gisant près de lui, m'a demandé pourquoi je ne lui avait pas dit "Bonjour" quand je me suis approché de lui, il a chargé son fusil et l'a pointé vers moi. Quand je suis passé devant lui, il m'a frappé avec le canon de son fusil sur le nez et la mâchoire. Je suis vite reparti dans la file, le policier a alors tué quelqu'un d'autre. Quatre jours plus tard, mon père et moi avons été déportés dans le camp de Prokocim."

     

      Jacob passa le reste de la guerre dans des camps de travail. En 1947, il tenta d'émmigrer illégalement vers la Palestine, mais fut détenu à Chypre par les britanniques. Il s'installa en Israël en 1948.

     

    Témoignage (ghetto de Cracovie)

     

     

    Témoignage (ghetto de Cracovie)

    Pinchas Gerszonowicz

     

    Pinchas Gerszonowicz

    Miechow, Pologne

      Pinchas est né au sein d'une grande famille installée dans la ville de Miechow, situé au centre de la Pologne. Son père était mécanicien et serrurier. Pinchas passait de longues journées à étudier l'hébreux à l'école juive ou les matières générales à l'école publique. Il appartenait à l'organisation de la jeunesse sioniste, Ha Shomer Ha-Tsa'ir, et était ailier gauche dans une équipe de football juive.

     

    1933-1939 :

      "A treize ans, j'arrêtais l'école et commençai à travailler comme apprenti mécanicien et forgeron chez un entrepreneur en bâtiment. Lorsque l'armée allemande envahit la Pologne en 1939, mes parents décidèrent que mon frère aîné, Herschel, et moi devions fuir vers la partie de la Pologne occupée par les soviétiques. Nous étions à pied et ne pûmes rien faire contre la division allemande motorisée qui nous devançait à environ 200 kilomètres à l'Est de Miechow. Nous n'eûmes d'autres choix que de rentrer chez nous."

     

    1940-1944 :

      "Je réparais des véhicules pour les allemands à Miechow et, plus tard, dans leur base aérienne de Cracovie. En juillet 1943, je fus déporté à Plaszow, dans la banlieue de Cracovie, où les nazis avaient installé un camp de travail sur un très ancien cimetière juif. J'y travaillais comme mécanicien et forgeron avec mon père. Tous les jours, je voyais des juifs abattus par les gardes SS ou dévorés par les chiens. Le commandant du camp Goeth, avait toujours deux énormes chiens près de lui. Il lui suffisait de dire :"Attaque !". Je me demandais toujours si ma dernière heure n'était pas arrivée."

     

      Pinchas fut déporté à Auschwitz au début de l'année 1945. Il fut l'un des quelques survivants d'une marche de la mort de deux semaines et fut libéré près du camp de Dachau en avril. Il émmigra aux Etats-Unis en 1948.

     

    Témoignage (ghetto de Cracovie)

     

     

    Témoignage (ghetto de Cracovie)

    Adela Litwak

     

    Adela Litwak

    Lvov, Pologne

      Adela était la plus jeune des cinq enfants nés dans une famille juive pratiquante dans la ville industrielle de Lvov. Souvent appelée par son surnom, Putzi, elle avait grandit dans le même immeuble que celui de ses grands-parents paternels et avait appris à parler polonais, allemand et yiddish. Elle fréquenta des écoles publiques et privées de Lvov avant d'obtenir son diplôme d'études secondaires.

     

    1933-1939 :

      "Je rêvais de faire une école de médecine, mais le faible quota des juifs admis dans les lycées et les universités anéantit pratiquement toutes mes chances de m'y inscrire. En septembre 1939, les problèmes furent bien pires que celui des inscriptions à l'université. Les allemands avaient envahi la Pologne par l'Ouest et les soviétiques arrivaient par l'Est. Ils occupèrent Lvov fin septembre. Même si elle instituait le communisme, la tutelle soviétique nous évitait au moins l'occupation allemande."

     

    1940-1944 :

      "Aprés que les allemands eurent occupé Lvov en juillet 1941, j'évitais les rafles allemandes et la déportation. Mon beau-frère acheta pour moi une fausse carte d'identité à un polonais. Je devins Ksenia Osoba, polonaise catholique, et je quittais Lvov en septembre 1942. Je trouvais du travail à Cracovie comme secrétaire et gouvernante. Les conditions de travail n'étaient pas trop mauvaises mais j'avais toujours peur d'être découverte. Dans le tramway un jour, je rencontrai une ancienne camarade de classe. Je ma glaçais. Et plutôt que de lui parler, je descendis immédiatement. Je ne savais pas se elle allait me dénoncer."

     

      Adela garda sa fausse identité jusqu'à ce qu'elle émmigre en Angleterre aprés la guerre. Elle épousa un survivant de la Shoah. Ils partirent s'installer au Canada puis aux Etats-Unis.

     

     

     

     

     

    Témoignage (ghetto de Cracovie)

     

     


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  • Ghetto de Cracovie

     

     

     

    Ghetto de Cracovie

    Ghetto de Cracovie.

    Cracovie, Pologne, mai 1942

     

      La ville de Cracovie est située au sud de la Pologne. Avant 1918, elle était le chef-lieu de la province autrichienne de Galicie.

     

      En 1939, 60 000 juifs vivaient à Cracovie, représentant presque un quart d'une population totale de 250 000 habitants environ.

    Ghetto de Cracovie

    Le Reichsführer SS Heinrich Himmler (à gauche)

    et Hans Frank, qui était à la tête du

    gouvernement général en Pologne occupée.

    Cracovie, Pologne, 1943

      L'armée allemande occupa Cracovie la première semaine de septembre 1939. La persécution des juifs commença immédiatement et s'intensifia une fois que les allemands eurent déclaré la ville capitale du gouvernement général, autrement dit de la partie de la Pologne que l'Allemagne n'annexera pas directement à ses provinces orientales. 

    Ghetto de Cracovie

    Les environs de Cracovie.

    Cracovie, Pologne, 1942-1944

      Dans la ville, le château du Wawel devint la résidence de l'avocat nazi Hans Frank, qui avait été nommé gouverneur général de Pologne. La prison de Montclupich devint la prison de la police de sûreté allemande.

     

      En 1942, le camp de Plaszow fut ouvert dans le sud de la ville comme camp de travail forcé destiné à recevoir les juifs de Cracovie et des alentours. En 1944, Plaszow devint un camp de concentration.

    Ghetto de Cracovie

    Amon Goeth (en avant à gauche), commandant

    du camp de Plaszow, fut

    condamné à mort lors de son procès 

    d'aprés-guerre, pour crimes de guerre.

    Cracovie, Pologne, 1946

      En mai 1940, les allemands commençèrent à expulser les juifs vers la campagne autour de la ville. En mars 1941, la majorité avait été expulsée. Seuls 15 000 environ restaient à Cracovie. Début mars 1941, les allemands ordonnèrent la création d'un ghetto, et lui choisirent comme emplacement le quartier Podgorze, dans le sud de la ville, et non pas Kazimizerg, quartier juif historique.

    Ghetto de Cracovie

    Shimshon et Tova Draenger,

    membres de la résistance des ghettos

    de Cracovie et de Varsovie et

    partisans dans la fôret de Wisnicz.

    Cracovie, Pologne, date incertaine.

      Les allemands y regroupèrent les juifs de Cracovie encore présents et des milliers de juifs provenant d'autres villes. Près de 20 000 juifs furent ainsi confinés. Le ghetto fut entouré de fil de fer barbelés et, à certains endroits, d'un mur en pierre. Des tramways le traversaient mais aucun ne s'arrêtaient dans son enceinte.

     

      Les allemands mirent en place plusieurs usines à l'intérieur du ghetto, au nombre desquelles les usines Optima et Madritsch, où les juifs furent utilisés comme main-d'oeuvre forcée. Plusieurs centaines d'entre eux étaient également employés dans des usines et des chantiers à l'extérieur du ghetto.

     

      En mars 1942, les allemands arrêtaient une cinquantaine d'intellectuels du ghetto et les déportèrent vers le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Dans la seconde moitié de 1942, les allemands déportèrent environ 13 000 personnes du ghetto. Place Zgody et l'usine Optima furent les principaux lieux de rassemblement. La plupart des déportés furen envoyés au camp d'extermination de Belzec, et quelques-uns à Auschwitz, qui se trouve à 65 kilomètres environ de Cracovie. Des centaines de personnes furent éxécutées par balles dans le ghetto à l'occasion de ces rafles.

     

      A la mi-mars 1943, les allemands détruisirent le ghetto de Cracovie. Plus de 2 000 personnes furent déportées à Auschwitz-Birkenau, où elles furent exterminées. Le reste des juifs au camp de Plaszow.

    Ghetto de Cracovie

    Les juifs pénètrent dans la zone

    du ghetto.

    Cracovie, Pologne, mars 1941

      Dès la création du ghetto, un mouvement de résistance s'y organisa. Au début, les opérations clandestines se concentrèrent sur l'assistance aux organisations d'enseignement et d'entraide. Cependant, en 1942, l'organisation juive de combat (zydowska organizacja bojowa, ZOB), organisation clandestine indépendante de l'organisation homonyme de Varsovie, se prépara à combattre les allemands. Il fut décidé de ne pas lutter dans l'enceinte limitée du ghetto, mais d'utiliser le ghetto comme base d'attaques visant des objectifs sur l'ensemble de la ville.

     

      La plus importante des opérations de l'organisation eut lieu dans le centre de Cracovie, au café Cygancria, qui était fréquenté par des officiers allemands.

     

      Les résistants du ghetto de Varsovie essayèrent également de rejoindre des groupes de résistances actifs dans la région de Cracovie. Lors d'une série d'escarmouches avec les allemands, les combattants juifs subirent de lourdes pertes. A l'automne 1944, les résistants encore en vie fuirent la Pologne et, aprés avoir traversé la Slovaquie voisine, réussirent à rejoindre la Hongrie, où ils se joignirent aux groupes juifs de résistance de Budapest.

    Ghetto de Cracovie

    Le drapeau nazi est érigé sur le

    château de Cracovie.

    Cracovie, Pologne, 1939

      Cracovie resta le siège administratif du gouvernement général jusqu'à l'évacuation de la ville par les allemands en janvier 1945. Les forces soviétiques libérèrent Cracovie ce même mois.

     

     

     

     

     

    Ghetto de Cracovie

     


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    Témoignage (ghetto de Lodz)

     

     

     

     

    Témoignage (ghetto de Lodz)

    Yosel Coller

     

     

    Yosel Coller

    Lodz, Pologne

      Yosel était l'un des six enfants d'une famille juive pratiquante de Lodz, une ville industrielle à l'ouest de la Pologne. Son père était un homme d'affaires. A l'âge de six ans, Yosel commença à fréquenter une école juive. Ses deux soeurs aînées fréquentaient l'école publique le matin et l'école juive l'aprés-midi. Yosel passait presque tout son temps libre à jouer au football avec ses frères.

     

    1933-1939 :

      "Nous vivions dans une demeure modeste au nord de Lodz. J'allais à l'école juive et j'y avais de nombreux amis. Le 1er septembre 1939, l'Allemagne attaqua la Pologne. Sept jours plus tard, je jouais au football dans la cour quand j'entendis des soldats allemands arpenter les rues, certains à cheval. Plus tard, j'entendis un seul coup de feu. Les allemands occupèrent Lodz et l'annexèrent au Reich le 9 novembre 1939."

     

    1940-1944 :

      "Ma soeur et moi avions fait la queue toute la nuit devant la boulangerie pour avoir du pain quand, au matin, on nous en sortit à coup de pied parce qu'un polonais nous avait reconnus et avait crié "juifs !". Sur notre chemin vers une autre boulangerie, nous vîmes trois juifs pendus dans la rue. Nous courûmes chez nous. A la fin de l'année 1943, je fus déporté du ghetto vers le camp de travail de Fuerstengrube en Pologne. Je travaillais dans les mines, je ramassais le charbon pour le mettre dans le wagon. Je travaillais bien parce que j'étais petit et que je pouvais m'engager dans les petits tunnels. Je ne mangeais que du pain le matin et une soupe le soir."

     

      En janvier 1945, Yosel fit partie des nombreux prisonniers contraints de marcher vers le nord de l'Allemagne. Libéré par les anglais le 5 mai, il émmigra en Amérique en 1947.

     

    Témoignage (ghetto de Lodz)

     

     

    Témoignage (ghetto de Lodz)

    Paula Garfinkel

     

    Paula Garfinkel

    Lodz, Pologne

      Paula était l'un des quatre enfants nés dans une famille juive pratiquante qui vivait à Lodz. Enfant, Paula fréquentait les écoles publiques et suivait un enseignement juif chez elle, trois fois par semaine. Son père possédait un magasin de meubles.

     

    1933-1939 :

      "Mes frères, mes soeurs et moi passions beaucoup de temps au foyers de notre groupe sioniste, Gordonia. Notre groupe croyait en des valeurs humanistes, à l'indépendance professionnelle juive et à la construction d'un foyer juif en Palestine. J'aimais le travail manuel et je tricotais, crochetait et brodais beaucoup. En septembre 1939, alors que j'étais au collège, j'ai dus interrompre mes études car l'Allemagne venait d'envahir la Pologne et s'était emparée de Lodz le 8 septembre."

     

    1940-1944 :

      "Au début de l'année 1940, notre famille fut relogée de force dans le ghetto de Lodz où l'on nous attribua une pièce pour nous six. La nourriture était le problème majeur. Dans l'usine de confection où je travaillais, j'avais au moins une soupe au déjeuner. Mais nous avions désespérément besoin de trouver davantage de nourriture pour mon plus jeune frère qui était malade et souffrait d'une hémorragie interne. De la fenêtre de l'usine, j'aperçus un champ de pommes de terre. Je savais que si l'on me prenait, je serais abattue. Mais, une nuit, je suis sortie quand même dans le champ et j'ai rampé, détérré autant de pommes de terre que j'ai pu, puis je suis rentrée en courant."

     

      En 1944, Paula fut déportée à Brême, en Allemagne, dans le cadre du service du travail obligatoire. Elle fut libérée du camp de Bergen-Belsen en 1945. Aprés la guerre, elle émmigra aux Etats-Unis.

     

    Témoignage (ghetto de Lodz)

     

     

     

    Témoignage (ghetto de Lodz)

    Shlomo Reich

     

    Shlomo Reich

    Lodz, Pologne

      Shlomo était l'un des sept enfants de la famille Reich nés à Lodz. Les Reich étaient une famille juive pratiquante et le père de Shlomo, hassidique, portait des papillotes et le chapeau de fourrure traditionnels. Chaque jour, aprés s'être rendu à l'école publique, Shlomo fréquentait l'Ostrovtze Yeshiva, une académie rabbinique où il étudiait les textes juifs sacrés. Le père de Shlomo possédait une fabrique de lacets.

     

    1933-1939 :

      "Les allemands envahirent Lodz en septembre 1939 et commençèrent à instaurer des mesures anti-juive. Les juifs ne pouvaient plus utiliser les transports en commun, ni quitter la ville sans autorisation spéciale, ni même posséder de voiture ou de radio. Parfois, les appartements des juifs étaient confisqués."

     

    1940-1944 :

      Au début de l'hivers 1940, les allemands établirent un ghetto à Lodz et les juifs de la ville y furent rassemblés. La famille Reich fut elle aussi installée dans le ghetto. Ils vivaient dans une toute petite pièce. Shlomo trouva du travail dans une usine de confection où il recevait une soupe pour le déjeuner. Aprés quatre ans passés dans le ghetto, Shlomo fut conduit à la fin de l'été 1944 aux travaux forcés dans le camp de concentration de Dachau en Allemagne.

     

      Shlomo fut libéré au printemps 1945. Aprés la guerre, il apprit que quatre de ses six frères et soeurs avaient eux aussi survécu. Il émmigra aux Etats-Unis en 1946.

     

     

     

     

     

    Témoignage (ghetto de Lodz)

     

     


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  • Ghetto de Lodz

     

     

     

    Ghetto de Lodz

    Le ghetto de Lodz,

    1940-1944

     

     

      La ville de Lodz se trouve à 120 kilomètres au sud-ouest de Varsovie, en Pologne. Les juifs de Lodz formaient la deuxième communauté en nombre dans la Pologne d'avant-guerre, aprés celle de Varsovie. Les troupes allemandes occupèrent Lodz une semaine aprés l'invasion de la Pologne par l'Allemagne le 1er septembre 1939. La ville fut annexée à l'Allemagne et incorporée dans la province du Warthegau.     Elle fut rebaptisée Liztmannstadt, du nom du général allemand qui l'avait prise au cours de la première guerre mondiale.

    Ghetto de Lodz

    Les environs du ghetto de Lodz,

    1940

      Au début de février 1940, les allemands créèrent un ghetto dans la partie nord-est de Lodz. Plus de 150 000 juifs, soit plus d'un tiers de la population de la ville, y furent confinés dans un espace réduit.

     

      Les allemands isolèrent le ghetto du reste de la ville au moyen de fil de fer barbelés. Des unités spéciales de la police étaient chargées de surveiller le périmètre. L'ordre à l'intérieur du ghetto relevait de la responsabilité de la police juive. Le ghetto était subdivisé entre trois zones par l'intersection de deux routes. L'intersection elle-même se trouvait à l'extérieur du ghetto. Des ponts construits au-dessus de ces deux voies reliaient entre elles les trois zones du ghetto. Les tramways destinés au transport de la population non-juive traversaient le ghetto mais n'étaient pas autorisés à s'arrêter dans son enceinte.

     

      Lodz avait été le plus important centre industriel dans la Pologne d'avant-guerre, et le ghetto de Lodz devint un centre de production de premier plan sous l'occupation allemande. Dès mai 1940, les allemands ouvrirent des usines dans le ghetto et utilisèrent les juifs comme main-d'oeuvre forcée.

    Ghetto de Lodz

    Mordekhaï Haïm Rumkowski

    (aux cheveux blancs) et le dirigeant

    SS Heinrich Himmler lors

    de la première visite d'Himmler dans le

    ghetto de Lodz.

    Lodz, Pologne, 5 juin 1941

      En août 1942, on y comptait près de 100 usines. Les principales fabriquaient des produits textiles, notamment des uniformes pour l'armée allemande. Mordekhaïm Haïm Rumkowski, président du conseil juif du ghetto de Lodz, espérait éviter la destruction du ghetto en le rendant le plus productif possible. Il pensait que la main-d'oeuvre juive devenue indispensable permettrait d'éviter la déportation et le maintien du ghetto jusqu'à la fin de la guerre.

     

      Les conditions de vie à l'intérieur du ghetto étaient terribles. La quasi-totalité des habitations n'y disposaient pas d'eau courante, ni d'égouts. La dureté des conditions de travail, le surpeuplement et la dénutrition étaient la règle. L'écrasante majorité des habitants travaillaient dans les usines allemandes, ne recevant que de maigres rations alimentaires de leurs employeurs. Plus de 20% de la population mourut des suites directes de la dureté de ces conditions de vie.

    Ghetto de Lodz

    Déportations vers le ghetto de Lodz,

    Lodz, Pologne, 1941-1942

      En août 1941 et 1942, près de 40 000 juifs furent déportés dans le ghetto de Lodz : 20 000 en provenance d'Allemagne, d'Autriche, du protectorat de Bohème et de Moravie et du Luxembourg, et près de 20 000 de petites villes du Warthegau. Environ 5 000 tsiganes, originaires pour la plupart de la province du Burgenland, furent également déportés dans le ghetto, où ils furent confinés dans un bloc de bâtiments séparés des autres.

     

      En janvier 1942, les autorités allemandes commençèrent à déporter les juifs du ghetto de Lodz vers le camp d'extermination de Chelmno. En septembre 1942, 70 000 juifs et 5 000 tsiganes y avaient été déportés. Dans ce camp, une unité spéciale des SS était chargée de tuer les arrivants.  Avant leur déportation, les juifs étaient regroupés dans des lieux de rassemblement à l'intérieur du ghetto.

     

      Au début, les allemands demandaient au conseil juif d'établir des listes de déportés. Comme cette méthode ne permettait pas d'atteindre les quotas escomptés, les allemands eurent bientôt recours aux rafles, pendant lesquelles des centaines de juifs, des enfants, des personnes âgées et des malades, étaient éxécutées.

     

      Entre septembre 1942 et mai 1944, il n'y eut pas de déportation importantes de juifs de Lodz. Le ghetto ressemblait à un camp de travail. Au printemps 1944, les nazis décidèrent de détruire le dernier ghetto encore existant en Pologne, avec une population d'environ 75 000 juifs en mai 1944. En juin et en juillet 1944, les déportations reprirent au départ de Lodz, et environ 3 000 juifs furent déportés à Chelmno. Les allemands faisaient croire aux habitants du ghetto qu'ils allaient être transférés dans des camps de travail en Allemagne. Les 60 000 juifs survivants furent déportés vers les camps d'extermination d'Auschwitz-Birkenau en août 1944.

     

     

     

     

     

    Ghetto de Lodz

     


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  • Témoignage (ghetto de Varsovie)

     

     

     

     

    Témoignage (ghetto de Varsovie)

    Welwel Rzondzinski

     

    Welwel Rzondzinski

    Kaluszyn, Pologne

      Welwel était l'un des six enfants d'une famille juive vivant dans la ville majoritairement juive de Kaluszyn, situé à une quarantaine de kilomètres à l'Est de Varsovie. Ses parents étaient pratiquants et parlaient le Yiddish à la maison. Le père de Welwel était comptable chez un grand propriétaire terrien.

      Aprés la mort du père de Welwel, sa mère tint un kiosque à journaux à Kaluszyn. Welwel se maria lorsqu'il eut une vingtaine d'année et partit s'installer avec sa femme Henia, à Varsovie.

     

    1933-1939 :

      "Lorsque la guerre a éclaté il y a trois mois, de nombreux juifs ont quittés Varsovie dans un exode de masse vers l'Est. C'étaient principalement des hommes jeunes ou d'âge moyen qui craignaient que les allemands ne le envoient au travail forcé. J'étais terrifié moi aussi mais je ne pouvais pas abandonner Henia et nos deux enfants, Miriam et Fiszel. A présent, les allemands sont entrés dans la ville et ils arrêtent des juifs dans les rues pour les constituer en équipes de travail. J'essaie de sortir le moins possible."

     

    1940-1943 :

      "Le ghetto juif, situé au coeur du quartier juif, a été bouclé il y a quelques semaines. Notre maison de la rue Gesia se trouve dans le ghetto, comme mon épicerie, rue Nowolpki. On ne peut introduire dans le ghetto que de faibles quantités de nourriture, aussi mes stocks ont-ils diminués. La plupart de mes clients achètent les articles de bases auxquels nous avons droit avec notre misérable ration de pain, de pomme de terre et de succédané de graisse. Ceux d'entre nous qui ont les moyens complètent leur régime avec des choses achetées au marché noir."

     

      Welwel et sa famille ne survécurent pas à la guerre. On dit qu'ils furent déportés au camp d'extermination de Treblinka pendant l'été 1942 ou au début de l'année 1943.

     

    Témoignage (ghetto de Varsovie)

     

     

    Témoignage (ghetto de Varsovie)

    Fela Perznianko

     

    Fela Perznianko

    Zakroczym, Pologne

      Fela était l'aînée des deux enfants d'une famille juive vivant à   Zakroczym, une ville située sur la vistule, près de Varsovie. Son père était un avocat respecté. Jusqu'à son mariage avec Moshe Galek, à presque trente ans, Fela travailla comme modiste à Varsovie. Elle s'installa ensuite dans la ville voisine de Sochocin où son mari possédait une fabrique de bouton de nacre. Fela et Moshe eurent quatre filles.

     

    1933-1939 :

      En 1936, les Galek partirent pour Varsovie, attirés par la vie culturelle de cette ville. Lorsque l'Allemagne envahit la Pologne le 1er septembre 1939, Moshe proposa une fuite vers la Palestine. Bien que Fela fut une sioniste convaincue, elle repoussa cette idée, hésitant à commencer une nouvelle vie ailleurs. Varsovie tomba aux mains des allemands le 28 septembre 1939.

      En décembre, Fela et sa famille portaient déjà les brassards les désignant comme juifs.

     

    1940-1943 :

      Les Galek furent conduit de force dans le ghetto de Varsovie en novembre 1940. La famille vivait dans une maison avec plusieurs autres familles. "La nourriture était rare et les jours défilaient alors que nous restions cloîtrés dans la maison." 

     

      La famille survécue aux déportations massives de 1942, mais fut prise dans l'une des rafles finales d'avril 1943, juste avant la destruction du ghetto. Au cours de la rafle, Fela et Moshe furent séparés de leurs enfants et alignés avec d'autres adultes pour être sommairement exécutés.

     

    Témoignage (ghetto de Varsovie)

     

     

     

    Témoignage (ghetto de Varsovie)

    Ethel Stern

     

    Ethel Stern

    Varsovie, Pologne

      Ethel naquit au sein d'une famille juive de Varsovie. Lorsqu'elle eut neuf ans, sa famille s'installa dans la ville de Mogielnica située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Varsovie. Le père d'Ethel passait beaucoup de temps à étudier les textes religieux. Son épouse tenait la boutique de spiritueux familiale. Ethel fréquentait l'école publique pendant la journée et suivait des études religieuses le soir.

     

    1933-1939 :

      Ethel avait toujours voulu devenir professeur. A quartorze ans, aprés avoir fréquenté une école religieuse à Lodz, elle commenca à enseigner dans la ville de Kalisz, où vivait son frère. Avec l'autorisation du Rabbin et du père d'Ethel, un marieur lui présenta Zalman Brokman. En mars 1939, ils se marièrent. Lorsque la guerre commença en septembre, Ethel repartit pour Mogielnica, enceinte de six mois.

     

    1940-1944 :

      Ethel donna naissance à un petit garçon en janvier 1940, à Varsovie. En novembre, les juifs de Varsovie furent confinés dans un ghetto. Le mari d'Ethel échangeait des morceaux d'or contre de la nourriture et des objets. Lorsque les déportations de masse commençèrent à la fin de l'année 1942, tous ceux qui possédaient des machines à coudres furent autorisés à s'installer dans une usine pour fabriquer des vêtements militaires. Le mari d'Ethel donne deux machine à coudre. Ethel travailla à l'usine jusqu'à sa fermeture en 1943. En mai 1943, les ouvriers de l'usine de confection furent déportés vers le camp de travail de Trawniki près de Lublin. On n'eut plus jamais de nouvelles d'Ethel.

     

    Témoignage (ghetto de Varsovie)

     

     

     

    Témoignage (ghetto de Varsovie)

    Abraham Lewent

     

    Abraham Lewent

    Varsovie, Pologne

      Abraham est né dans une famille juive de Varsovie, en Pologne. Son grand-père possédait une usine de confection et une boutique que son père dirigeait. La famille d'Abrahm vivait dans le quartier juif de Varsovie et il fréquentait l'école juive. La communauté juive de Varsovie était la plus grande d'Europe et constituait près d'un tiers de la population de la ville.

     

    1933-1939 :

      "Aprés le début des bombardements sur Varsovie, le 8 septembre 1939, ma famille avait peu à manger. Les magasins n'étaient plus que décombres, nous n'avions ni eau, ni chauffage. La chasse à la nourriture commençait et, échappant aux bombes allemandes, je parvins à dérober sept bocaux de pickles dans une fabrique voisine. Pendant plusieurs semaines, ma famille vécue de pickles et de riz. A cause du manque d'eau, les incendies qu'avaient provoqués les bombardements se propageaient. Le soulagement arriva lorsque la capitale se rendit."

     

    1940-1944 :

      "En avril 1943, j'étais dans le ghetto de Varsovie, dans la zone de travail forcé délimitée par un mur. Pendant l'insurrection du ghetto, nous pouvions apercevoir les flammes, de l'autre, je voyais les polonais du quartier non-juif de Varsovie préparer les fêtes de Pâques. Lorsque les nazis rasèrent le ghetto aprés le soulèvement, mon père et moi fûmes de ceux qui partirent en déportation. Les polonais se tenaient sur le trottoir, ne quittant pas des yeux les valises que nous portions, et disaient :"Tu pars vers la mort. Laisse-nous ta valise."

     

      Abraham fut déporté à Maïdanek puis dans sept autres camps nazis, dont Buchenwald. Il fut libéré pendant son transfert vers le camp de Dachau, le 30 avril 1945.

     

     

     

     

     

    Témoignage (ghetto de Varsovie)

     


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