• Histoire des camps d'extermination

     

     

     

    Histoire des camps d'extermination

    Les camps d'extermination en Pologne.

    1942

     

      Les camps d'extermination nazis furent construit dans l'unique but de perpétrer des meurtres de masse. A l'inverse des camps de concentration, qui faisaient surtout office de centre de détention et de travail, les camps d'extermination étaient presque uniquement des "usines de mort." Plus de trois millions de juifs furent exterminés dans les camps d'extermination, soit gazés, soit abattus.

     

      Le premier camp d'extermination fut celui de Chelmno, qui ouvrit dans le Warthegau (la partie de la Pologne annexée à l'Allemagne). En décembre 1941. Là, des juifs, mais des tsiganes, furent assassinés dans des camions à gaz mobiles. En 1942, dans le gouvernement général de Pologne, les nazis ouvrirent les camps de Belzec, Sobibor et Treblinka (dans le cadre de l'action Reinhardt) pour assassiner systématiquement les juifs de Pologne. En octobre 1943, plus d'1,7 millions de juifs avaient été gazés (dans des chambres à gaz fonctionnant au monoxyde de carbone) dans les camps de l'action Reinhardt. Il y eut environ 120 survivants.

     

      La plupart des autres déportés qui arrivaient dans les camps étaient immédiatement envoyés dans les chambres à gaz (à l'exception d'un petit nombre d'entre eux qui étaient choisis pour constituer des équipes de travail spéciales connues sous le nom de Sonder Kommandos). Le plus grand camp d'extermination fut celui d'Auschwitz-Birkenau, où au printemps 1943, fonctionnaient quatre chambres à gaz (qui utilisaient le gaz Zyklon B).

    Histoire des camps d'extermination

    Pastilles de Zyklon B, trouvées

    à la libération du camp de Maïdanek.

    Pologne, l'aprés juillet 1944

      A l'apogée des déportations, on gaza jusqu'à 8 000 juifs par jours à Auschwitz-Birkenau. En novembre 1944, plus d'un million de juifs et des dizaines de milliers de tsiganes, de polonais et de prisonniers de guerre soviétiques y avaient été gazés.

     

      Un autre camp situé en Pologne, celui de Maïdanek, à l'origine camp de prisonniers de guerre puis camp de concentration, fut également un site d'éxécutions massives. Environ 170 000 prisonniers furent tués à Maïdanek, il s'agit presque exclusivement de juifs, de civils, de soldats soviétiques et de civils polonais.

     

      La documentation disponible, ne permet pas de déterminer exactement le nombre de personnes exterminées dans les chambres à gaz ou par d'autres moyens (abattues, pendues ou battues à mort). Les derniers des 18 000 prisonniers juifs du camp furent abattus dans des fosses le 3 novembre 1943,  lors de l'Action Erntefest (opération "Fête de la moisson"), tandis que de puissants haut-parleurs diffusaient de la musique pour couvrir les bruits et les cris.

     

      Les SS considéraient les camps d'extermination comme un secret d'état. Pour faire disparaître les traces de gazages, des unités spéciales de prisonniers (les Sonder Kommandos) étaient obligés d'enlever les corqs des chambres à gaz et de les incinerer. Les SS firent ensuite disparaître les traces de leurs crimes.

     

     

     

     

     

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  • Histoire

     

     

     

    Histoire

    Photo d'avant-guerre de trois enfants

    juifs avec leur baby-sister.

    Deux des enfants moururent en 1942.

    Varsovie, Pologne, 1925-1926

     

      Aprés l'invasion allemande de la Pologne, les juifs de ce pays sont contraints de vivre dans des quartiers clos, les ghettos. Les conditions de vie y sont nettement dures pour trois raisons.

      D'abord, les responsables de la concentration des juifs en Pologne sont souvent, des membres de la NSDAP, et non, comme en Allemagne, des fonctionnaires sans affiliation partisane.

      Ensuite, les juifs polonais représentent ce qu'il y a de plus méprisable dans la mythologie nazie, et sont les plus persécutés dès avant la guerre. 

      Enfin, les juifs étaient beaucoup plus nombreux numériquement et proportionnellement en Pologne (3,3 millions dont deux millions dans la zone allemande, sur 33 millions d'habitants dans tous le pays) qu'en Allemagne. Les juifs de l'ancien reich (frontières de 1937) sont également déportés vers les ghettos de Pologne, à partir de 1940.

    Histoire

    Famille juive dans le ghetto de 

    Piotrkow Trybunlski.

    Tous ceux qui sont sur la photo

    ont peri durant la Shoah.

    Pologne, 1940

      Les premiers ghettos sont édifiés dans la partie de la Pologne "incorporée" au reich, pendant l'hivers 1939-1940, puis dans le gouvernement général, partie de la Pologne administrée par Hans Frank. Le plus ancien est le ghetto de Lodz, le plus grand, celui de Varsovie. La ghettoïsation est achevée pour l'essentiel au cours de l'année 1941, et complètement terminée en 1942.

    Histoire

    Deux jeunes cousines peu

    avant leur sortie clandestine du ghetto

    de Kovno.

    Une famille lituanienne cacha les enfants,

    et les deux filles survécurent à la guerre.

    Kovno, Lituanie, août 1943

      A l'intérieur du même ghetto, les mouvements juifs sont limités : ils doivent rester chez eux de 19h à 7h. La surveillance est assurée par la police régulière et la surveillance intérieure par la police de sûreté (gestapo et kripo), elle-même renforcée par la police régulière, à la demande de cette dernière.

     

      Dès le 26 octobre 1939, le principe du travail forcé pour les juifs de Pologne est adopté. Les juifs sont décimés par la malnutrition, les épidémies - notamment de typhus, de tuberculose, de grippe -, et la fatigue consécutive au travail que leur impose les autorités allemandes. Par exemple, le ghetto de Lodz, qui compte 200 000 habitants à l'origine, compte plus de 45 000 morts jusqu'en août 1944.

    Histoire

    Un frère et ses soeurs, 

    membres d'une famille juive, l'une des soeurs

    représentées ici, ainsi que d'autres membres

    de la famille ne survécurent pas

    à la Shoah. 

    Nove Zamsky, Tchécoslovaquie, mai 1944

      Au cours de l'année 1943, sur l'ordre d'Himmler, les ghettos sont progressivement réorganisés en camps de concentration. Ce ne sont plus les administrations civiles qui s'en occupent mais les SS.

     

      En Ostland, les tueries continuent jusqu'à la disparition quasi-totale de juifs. A partir de décembre 1941, les survivants des ghettos sont déportés vers les centres de mise à mort. Les premiers sont les juifs du Wartheland, envoyés à Chelmno. En mars 1942, ceux de Lublin sont envoyés à Belzec. A partir de juillet, le ghetto de Varsovie commence à être vidé.

    Histoire

    Portrait des membres d'une famille juive

    hongroise. Ils furent déportés et tués

    à Auschwitz peu aprés que

    cette photo a été prise.

    Kapuvar, Hongrie, le 8 juin 1944

      Le terme "ghetto" tire son origine du nom du quartier juif de Venise, crée en 1516. Pendant la seconde guerre mondiale, les ghettos étaient des quartiers juifs isolés du reste du tissus urbain par des barbelés ou un mur, dans lesquels les allemands forcèrent la population juive à vivre dans des conditions misérables. Les nazis créèrent plus de 400 ghettos.

     

      La plupart des ghettos (situés uniquement en Europe orientale sous occupation allemande) étaient fermés par des murs, des clôtures de fil de fer barbelé ou des portes. Les ghettos étaient surpeuplés et insalubres.

     

      La faim, les pénuries chroniques, la rigueur hivernale et l'absence de service urbains furent la cause d'épidémies à répétition et d'un taux de mortalité élevé.

     

    Les principaux ghettos sont :

      Varsovie, Lodz, Cracovie, Bialystok, Lvov, Lublin, Vilno, Kovno,  Czestochowa et Minsk.

      Dans certains ghettos, les membres de la résistance juive organisèrent des soulèvements armés. Le plus important fut le soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943. Il y eut aussi des révoltes à Vilno, Bialystok, Czestochowa, et dans plusieurs autres ghettos plus petits. En août 1944, les nazis achevèrent la destructions du dernier grand ghetto, celui de Lodz.

     

      En hongrie, l'enfermement dans les ghettos ne commença qu'au printemps 1944, aprés l'invasion et l'occupation du pays par les allemands. En moins de trois mois, la police hongroise, en coordination avec les allemands, déporta près de 440 000 juifs. La plupart d'entre eux furent envoyé à Auschwitz-Birkenau. 

     

      A Budapest, les juifs furent confinés dans des maisons identifiées (les maisons dites étoile de David). En novembre, aprés un coup d'Etat soutenu par l'Allemagne, le parti hongrois des Croix-Fléchées créa un ghetto à Budapest. Environ 6 300 juifs y furent confinés dans une zone de 160 mètres carrés. Les 25 000 juifs qui s'étaient vu accordés des passeports de protection (au nom du pays neutre) furent placés dans un "ghetto international", dans un autre quartier de la ville. L'armée rouge libéra Budapest en janvier 1945, mettant ainsi fin à la ghettoïsation des juifs hongrois survivants.

     

     

     

     

     

     

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  • Témoignage (ghetto de Minsk)

     

     

     

    Témoignage (ghetto de Minsk)

    Berta Rivkina

     

    Berta Rivkina

    Minsk, Biélorussie

      Berta était la benjamine des trois filles d'une famille juive de Minsk, la capitale de la Biélorussie. Avant la seconde guerre mondiale, plus d'un tiers de la ville était composé de juifs. Le père de Berta, comme plusieurs membres de sa famille, travaillaient dans une fabrique de meuble étatisé.

     

    1933-1939 :

      "Nous vivions dans la rue Novomesnitskaya au centre de Minsk, à quelques pâtés de maisons de la Svisloch. Ma soeur aînée, Dora, adorait s'y baigner pendant l'été. J'étais en première année de cours moyen à cette époque et il y avait de nombreux réfugiés polonais dans notre ville. L'allemagne et l'U.R.S.S. avaient divisé la Pologne et les polonais s'étaient enfuis vers l'Est. Beaucoup d'entre eux étaient venus à Minsk, parce qu'ils restaient près de "chez eux" à peine trente kilomètres de la frontière soviéto-polonaise."

     

    1940-1944 :

      "J'avais 12 ans quand les allemands arrivèrent à Minsk en 1941 et y établirent un ghetto. Un an plus tard, en essayant d'échapper à une ronde, ma mère et moi, nous cachâmes dans un entrepôt. Lorsque nous fûmes découvertes par un garde allemand, j'eu si peur que je commençais à débiter un charabia et me mis à courir, le garde me suivit. Alors que je m'enfuyais, je me heurtais à une autre femme qui semblait venue de nulle part. C'est alors que le garde tira. Nous tombâmes toutes les deux et je fus certaine d'avoir été touchée. Mais je me levais et m'aperçus que je n'étais pas bléssée. L'autre femme gisait immobile."

     

      Berta fut emmenée pour être exécutée mais elle réussit à s'enfuir. Plus tard, elle s'échappa du ghetto et rejoignit les partisans soviétiques. Elle fut libérée par l'armée rouge en juillet 1944.

     

    Témoignage (ghetto de Minsk)

     

     

    Témoignage (ghetto de Minsk)

    Iosif Rivkin

    Iosif Rivkin

    Minsk, Biélorussie

      Iosif naquit au sein d'une famille juive dans la capitale de la Biélorussie, Minsk. Il combattit aux côtés des troupes tsaristes au cours de la première guerre mondiale et fut fait prisonnier par les allemands. Lorsqu'il revint à Minsk aprés la guerre, il commença à travailler comme certains de ses proches dans une fabrique de meubles étatisé.

     

    1933-1939 :

      Au début des années 1930, Iosif se maria et eut trois filles, Hacia, Dora et Berta. La famille vivait dans la rue Novomesnitskaya, dans le centre de Minsk, près de Svisloch. Pendant les années 1930, les filles fréquentaient des écoles de l'état soviétique et appartenaient à l'organisation soviétique pour la jeunesse, les jeunes pionniers. A la fin des années 30, Minsk se remplit de réfugiés polonais qui fuyaient l'invasion allemande.

     

    1940-1943 :

      Le 27 juin 1941, les envahisseurs allemands atteignirent les portes de Minsk. La maison des Rivkin fut bombardée le lendemain et ils se retrouvèrent sans domicile. Ils dormaient près du fleuve avec de nombreux autres réfugiés, jusqu'à ce que les gardes allemands menacent de les tuer tous. Les affiches allemandes placardées dans Minsk déclaraient que les nazis étaient venus pour libérer l'Union Soviétique du communisme et des juifs. Au mois d'août, les allemands établirent un ghetto où Iosif alla travailler comme charpentier. Lorsque le ghetto fut rasé en octobre 1943, Iosif et sa famille furent déportés.

     

      La fille de Iosif, Berta, s'échappa du ghetto avant qu'il ne soit rasé. On entendit plus jamais parler de Iosif ni du reste de sa famille.

     

     

     

     

     

    Témoignage (ghetto de Minsk)

     


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  • Ghetto de Minsk

     

     

     

    Ghetto de Minsk

    Ghetto de Minsk,

    juillet 1941

     

      Les troupes allemandes occupèrent Minsk, capitale de la République socialiste soviétique de Biélorussie, peu aprés l'invasion allemande de l'union soviétique en juin 1941. Sous l'occupation, la république de Biélorussie fut rattachée au commissariat du Reich pour les régions de l'Est. Au sein de cette subdivision administrative, Minsk devint capitale de district. C'est à Minsk que Wilhelm Kube, commissaire général de la Biélorussie, exerçait ses fonctions.

    Ghetto de Minsk

    Les environs de Minsk,

    1941-1942

      Le 19 juillet 1941, les allemands créèrent un ghetto dans le nord-ouest de Minsk. Environ 85 000 personnes, au nombre desquelles des juifs des villes environnantes, y furent concentrées.

    Ghetto de Minsk

    Entrée du ghetto de Minsk.

    Minsk, Union Soviétique, 31 mai 1941

      De novembre 1941 à octobre 1942, plus de 35 000 juifs provenant d'Allemagne et du protectorat de Bohème et de Moravie furent déportés à Minsk. Beaucoup furent éxécutés par balles ou tués dans des camions à gaz dès leur arrivée à Maly Trostinets, petit village situé à une douzaine de kilomètres à l'Est de la ville. Les autres furent parqués à Minsk dans un deuzième ghetto, séparé de celui des juifs biélorusses. Les contacts entre les habitants des deux ghettos n'étaient en général pas permis.

    Ghetto de Minsk

    Les habitants juifs de Minsk

    sont raflés pour être jetés

    de force à l'intérieur du ghetto.

    Minsk, Union Soviétique,

    juillet-août, 1941

      Les juifs furent utilisés comme main-d'oeuvre forcée dans des usines installées à l'intérieur et à l'extérieur des deux ghettos, notamment au camp de travail de la rue Shiroka et dans le bâtiment de l'opéra (où les biens confisqués aux juifs étaient triés et entreposés).

    Ghetto de Minsk

    Une des premières rafles de juifs à Minsk.

    Minsk, Union Soviétique, 1941

      En août 1941, un mouvement clandestin de résistance fut créé au sein du ghetto de Minsk. Il organisa l'évasion d'un certain nombre de personnes qui constituèrent des groupes de résistance dans les forêts situées au sud-est et au nord-ouest de Minsk. Les juifs de Minsk créèrent sept groupes de résistance. En tout, 10 000 juifs parvinrent à s'enfuir dans les forêts. La plupart d'entre eux furent tués par les troupes allemandes au cours de la guerre.

    Ghetto de Minsk

    Mikhail Ekeltchik,

    membre de la résistance du ghetto de Minsk.

    Minsk, Union Soviétique,

    date incertaine

      A l'automne 1943, les allemands détruisirent le ghetto de Minsk. Une partie de ses habitants fut déporté au camp d'extermination de Sobibor. Les 4 000 juifs restants furent tués à Maly Trostinets.

    Ghetto de Minsk

    Une pancarte fixée à la clôture

    de fil de fer barbelé qui encercle 

    le ghetto de Minsk déclare :

    "Avertissement ! Quiconque

    escaladera la clôture sera abattu !"

    Minsk, Union Soviétique,

    1941

    Ghetto de Minsk

    Soldat allemand exhibant trois jeunes gens

    dans les rues de Minsk avant leur exécution.

    L'affiche dit : "Nous sommes des

    partisans qui avons tiré sur des 

    soldats allemands."

    Minsk, Union Soviétique, octobre 1941






     

    Ghetto de Minsk



     


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  • Ghetto de Kovno

     

     

     

     

    Ghetto de Kovno

    Ghetto de Kovno,

    1941-1944

     

      Entre 1920 et 1939, Kaunas (Kovno en polonais), au centre de la Lituanie centrale, était la capitale et la plus grande ville du pays. Les juifs y étaient 35 000 à 40 000, soit environ un quart de la population totale de la ville. Ils se concentraient dans les secteurs du commerce, de l'artisanat et des professions libérales.

     

    Ghetto de Kovno

    Les environs de Kovno,

    1941-1944

      Kovno était également un centre d'études juives. La Yéshiva de Slobodka, quartier pauvre de la ville, était l'une des institutions d'études juives parmi les plus prestigieuses d'Europe. La ville comptait presque 100 organisations communautaires, 40 synagogues, de nombreuses écoles yiddish, quatre lycées enseignant en hébreux et un hôpital juif. Elle était aussi un centre important du mouvement sioniste.

     

    Ghetto de Kovno

    Deux jeunes frères assis pour une photo

    de famille dans le ghetto de Kovno.

    Un mois plus tard, ils étaient

    déportés dans le camp de Maïdanek.

    Kovno, Lituanie, février 1944

      La vie des juifs de Kovno fut boulversée par l'occupation soviétique de juin 1940. Il y eut des arrestations, des confiscations et l'interdiction de toutes les institutions libres. Les organisations municipales juives disparurent presque du jour au lendemain. Les autorités soviétiques confisquèrent les propriétés. Entre-temps, le front activiste lituanien, fondé par des nationalistes en exil à Berlin, diffusait clandestinement en Lituanie des documents de propagande antisémite. Cette propagande, entre autre chose, faisait porter aux juifs la responsabilité de l'occupation soviétique. Des centaines de juifs furent éxilés en Sibérie.

     

    Ghetto de Kovno

    Groupe d'enfants dans le ghetto de Kovno.

    Kovno, Lituanie, entre 1941 et 1943

      Lors de l'invasion de l'Union Soviétique par l'Allemagne le 22 juin 1941, les troupes soviétiques durent fuir Kovno. Immédiatement avant et aprés l'occupation de la ville par les allemands le 24 juin, des agitateurs lituaniens pro-allemands et anti-communistes commençèrent à s'attaquer aux juifs (auxquels ils attribuaient injustement la responsabilité de la répression soviétique) en particulier dans les rues Jurbarko et Krisciukaicio. Ces groupes d'extrême-droite assassinèrent des centaines de juifs et en emmenèrent de force des dizaines d'autres au garage Lietukis, dans le centre ville, où ils les massacrèrent.

     

      Début juillet 1941, des unités des Einsatzgruppen (groupes mobiles d'extermination) et leurs auxiliaires lituaniens commençèrent à tuer systématiquement les juifs dans des forts situés dans les environs de Kovno. Ces forts avaient été construits par les Tsars au 19è siècle pour assurer la défense de la ville. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants juifs furent assassinés, principalement dans le 9è fort, mais aussi dans le 4è et le 7è. Six mois aprés l'occupation de la ville, les allemands et leurs collaborateurs lituaniens avaient massacré la moitié de la population juive de Kovno.

     

      Les nazis mirent en place une administration civile sous le commandant du major général Hans Kramer. Entre juillet et la mi-août 1941, les allemands regroupèrent les juifs survivants, environ 29 000 personnes, dans un ghetto situé à Slobodka.  Il s'agissait d'une zone constituée de petites maisons primitives, sans eau courants. Le ghetto comprenait deux parties, le "petit" et le "grand" ghetto, séparés l'une de l'autre par la rue Paneriu. Chacun de ces deux ghettos était entouré de fil de fer barbelé et gardé de près. L'un et l'autre était surpeuplés, chaque personne ayant à disposition moins de trois mètres carrés d'espace. Les allemands réduisaient en permanence la taille du ghetto, ce qui obligea les habitants à déménager à plusieurs reprises. Le 4 octobre 1941, le petit ghetto fut détruit, presque tous les habitants furent exécutés aux 9è fort. Au cours du même mois, le 29 octobre, les allemands organisèrent ce qui devait être connu la "Grande Action". En un seul jour, ils éxécutèrent 9 200 juifs au 9è fort.

    Ghetto de Kovno

    Juifs emménageant dans

    le ghetto de Kovno.

    Kovno, Lituanie, 1941

      Les juifs fournissaient de la main-d'oeuvre forcée pour l'armée allemande. Ils étaient utilisés principalement sur différents sites situés hors du ghetto, notamment à la construction d'une base aérienne à Aleksotas. Le conseil juifs (Ältestenrat; conseil des anciens), dirigé par le Docteur Elchanan Elkes, créa également des ateliers au sein du ghetto pour les femmes, les enfants et les vieillards qui ne pouvaient pas participer aux brigades de travail. Ces ateliers finirent par employer presque 6 500 personnes. Le conseil espérait que les allemands ne tueraient pas les juifs travaillant pour le compte de l'armée.

    Ghetto de Kovno

    Dans le ghetto de Kovno,

    le cadavre d'un juif exécuté sur ordre

    des allemands, pend à une potence

    érigée près du bâtiment du conseil juif.

    Kovno, Lituanie, 18 novembre 1942

      A l'automne 1943, les SS prirent le contrôle du ghetto et le transformèrent en camp de concentration, qui reçut le nom de Kauen. Le rôle du conseil juif se vit drastiquement réduit. Les nazis envoyèrent plus de 3 500 juifs dans des sous-camps où tous les aspects de la vie quotidienne était régis par une stricte discipline. Le 26 octobre 1943, les SS déportèrent plus de 2 700 personnes internées dans le camp principal. Les personnes jugées aptes au travail furent envoyées dans des camps en Estonie, les enfants et les personnes âgées furent déportées à Auschwitz. Presque aucun d'entre eux survécurent.

     

      Le 8 janvier 1944, les allemands évacuèrent le camp. La plupart des juifs survivants furent déportés au camp de concentration de Dachau, en Allemagne, ou au camp de Stutthof, près de Danzing, sur la côte de la mer baltique. Trois semaines avant l'arrivée de l'armée soviétique à Kovno, les allemands rasèrent le ghetto au sol à la grenade et à la dynamite. Pas moins de 2 000 personnes périrent dans les flammes ou sous les balles en essayant de fuir.

    Ghetto de Kovno

    Photo prise par George Kadish,

    un membre de la résistance du ghetto

    de Kovno cache des provisions

    dans un puits utilisé comme entrée

    d'une cachette dans le ghetto.

    Kovno, Lituanie, 1942

      Durant toutes ces années de souffrances et d'horreurs, la communauté juive de Kovno consigna en secret son histoire, rassemblant des archives, rédigeant des journaux, réalisant des dessins et des photographies. La plupart de ces documents avaient été cachés sous terre quand le ghetto fut détruit. Découvert aprés la guerre, ces quelques restes écrits de ce qui avait été une communauté florissante sont autant de témoignages de l'oppression, de l'esprit de la résistance et de la mort de ces juifs. C'est ainsi par exemple que George Kadish (Hirsh Kadushin) prit clandestinement des photographies des épreuves de la vie quotidienne au moyen d'un appareil photo caché à travers la boutonnière de son manteau.

    Ghetto de Kovno

    Photo clandestine prise par George Kadish,

    scène photographiée lors de la déportation

     de juifs du ghetto de Kovno.

    Kovno, Lituanie, 1942

      Le ghetto de Kovno comptait plusieurs groupes de résistances juifs. Ils parvinrent à se procurer des armes, à mettre en place des lieux d'entraînements secrets dans le ghetto et à nouer des contacts avec les résistants soviétiques actifs dans les forêts des alentours. En 1943, l'organisation juive de combat (Yidishe Algemeyne Kamfs Organizatsye) unifia les principaux groupes de résistance du ghetto. Quelque 300 combattants s'en évadèrent pour aller rejoindre les partisans. Environ 70 d'entre eux moururent au combat. Le conseil juif de Kovno soutint activement les organisations clandestines du ghetto. De plus, un certain nombre de membres de la police juive participèrent aussi à la résistance. Les allemands exécutèrent 34 membres de la police juive à ce titre.

     

      Kovno fut libéré par l'armée soviétique le 1er août 1944. Quelques rares juifs avaient survécu, 500 cachés dans les forêts ou dans des bunkers. Les allemands avaient évacués 2 500 autres juifs vers les camps de concentration d'Allemagne.

     

     

     

     

     

    Ghetto de Kovno

     

     


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