• Camp de Bergen-Belsen

     

     

     

    Camp de Bergen-Belsen

     

      Le camp de Bergen-Belsen fut créé en 1940 au sud de deux petites villes : Bergen et Belsen, à environ 20 kilomètres au nord de Celle, en Allemagne. Jusqu'en 1943, Bergen-Belsen fut un camp de prisonniers de guerre. Y furent tout d'abord détenus des prisonniers de guerre français et belges puis, à partir de 1941, des prisonniers soviétiques. Les détenus mouraient de faim et de maladies.

     

      En avril 1943, les autorités allemandes créèrent ce qu'ils appelèrent le "camp de résidence" de Bergen-Belsen, sur une portion du site du camp de prisonniers de guerre. Furent internés là plusieurs milliers de prisonniers juifs qui devaient être échangés contre des citoyens allemands détenus par les Alliés occidentaux. Très peu de détenus juifs furent en fait échangés. En février 1944, les Allemands permirent le départ d'environ 200 prisonniers pour la Palestine en l'échange de citoyens allemands en territoire britannique, et plus de 1 500 juifs hongrois furent autorisés à entrer en Suisse contre paiement. Les allemands espéraient que ces échanges faciliteraient  les négociations de paix avec les officiels américains et britanniques. En juillet 1944, plus de 4 000 de ces juifs "monnaie d'échange" étaient détenus à Bergen-Belsen. En décembre 1944, les allemands transformèrent difficilement Bergen-Belsen en camp de concentration.

    Camp de Bergen-Belsen

    Plan de Bergen-Belsen, en janvier 1945

    Légendes :

    Camp de Bergen-Belsen

      Au cours de son existence, le camp s'agrandit pour comprendre huit sections : un "camp de prisonniers", deux camps de femmes, un camp spécial, un camp neutre, un "camp étoile" un camp hongrois, et un camp de tentes. Le "camp de prisonniers" recevait des juifs transférés des camps de concentration du Struthof-Natzwiller et de Buchenwald pour construire le camp. Il ferma en février 1944. En mars 1944, des prisonniers d'autres camps de concentration qui étaient trop malades on n'étaient plus en état de travailler furent amenés à Bergen-Belsen, qui devint ainsi ue sorte de "camp hôpital". Le camp spécial reçut 2 400 juifs de Pologne qui possédaient des papiers (en général des passeports ou des visas d'entrée de pays d'Amérique Centrale) délivrés par des pays étrangers. Les SS et la police allemande en déportèrent 1 700 à Auschwitz, où ils furent tous assassinés.

    Camp de Bergen-Belsen

    L'intérieur d'un block à Bergen-Belsen.

    Photo prise après la libération

      Le camp neutre fut réservé à 350 juifs citoyens de pays neutres tels que l'Espagne, le Portugal, l'Argentine et la Turquie. Le "camp étoile" comptait quelque 4 000 prisonniers juifs, venant pour la plupart des Pays-Bas, qui étaient officiellement destinés à être échangés contre des citoyens allemands internés par les Alliés. Il n'était pas exigé des prisonniers du "camp étoile" qu'ils portent l'uniforme des camps, mais ils devaient avoir l'étoile jaune cousue sur leur vêtement (d'où le nom du camp). Le camp hongrois fut construit en juillet 1944 pour plus de 1 600 juifs hongrois, que Heinrich Himmler (chef de la Gestapo et des Waffen SS) prévoyait d'échanger contre de l'argent et des marchandises, à la suite d'une négociation du président de la communauté juive de Budapest. 200 femmes juives françaises, dont beaucoup avait un mari prisonnier de guerre en Allemagne, et certaines accompagnées de leurs enfants, internées dans le camp.

     

      Bergen-Belsen servit aussi de camp de regroupement pour les prisonniers malades et blessés transportés à partir d'autres camps de concentration. Ils étaient logés dans une section distincte, baptisée camp hôpital. Lorsque sa capacité fut dépassée, les prisonnières malades, dont Anne Frank, furent transférées au camp de tentes. De nombreux prisonniers gravement malades furent exterminés par des injections mortelles administrées dans l'infirmerie du camp. 

    Camp de Bergen-Belsen

    Des cadavres photographiés par des soldats américains

      Bergen-Belsen devint un centre de regroupement pour les prisonniers juifs évacués des camps les plus proches du front à mesure que les Alliés avançaient en Allemagne à la fin de 1944 et au début de 1945. L'arrivée de milliers de nouveaux prisonniers, dont bon nombre étaient des survivants des marches de la mort, entraîna un fort dépassement de la capacité d'accueil du camp. En février 1945, ils étaient déjà 22 000 prisonniers. Avec l'arrivée des prisonniers évacués de l'Est, on comptait, le 15 avril 1945, plus de 60 000 prisonniers dans le camp. La surpopulation, les mauvaises conditions sanitaires et le manque de nourriture provoquèrent une épidémie de typhus. Pendant les premiers mois de 1945, des dizaines de milliers de prisonniers - l'estimation est de 35 000 -, moururent.

    Camp de Bergen-Belsen

    Fosse commune dans laquelle les américains

    enterrèrent les dernières victimes du camp

      Le 15 avril 1945, l'armée britannique libéra Bergen-Belsen. Elle trouva dans le camp 60 000 prisonniers, gravement malades pour la plupart. Des milliers de cadavres reposaient sur le sol du camp, non enterrés. Plus de 10 000 anciens prisonniers, trop affaiblis, moururent après la libération. Après l'évacuation de Bergen-Belsen, l'armée britannique brûla complètement le camp pour éviter la propagation du typhus. Environ 50 000 personnes moururent dans le camp de concentration de Bergen-Belsen. Après la libération, un camp pour personnes déplacées, qui accueillit 12 000 personnes, fut créé dans les casernements de l'école militaire allemande, à proximité de l'ancien camp de concentration.

     

     

     

    Camp de Bergen-Belsen


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    Amitiés Jacques


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    Démentis et action judiciaire

     

     

     

      Certains ont tenté de discréditer le journal depuis sa publication et depuis les années 1970 le négationniste David Irving a affirmé de manière régulière que le journal n'était pas authentique. Les constantes déclarations publiques de ces négationnistes incitèrent Teresien da Silva à commenter au nom d'Anne Frank en 1999 : "Pour beaucoup de mouvements politiques d'extrême droite, Anne s'avère être un obstacle. Son témoignage personnel de la persécution des juifs et sa mort dans un camp de concentration empêchent la réhabilitation du national socialisme."

     

      Depuis les années 1950, la négation de la Shoah constitue un crime dans plusieurs pays d'Europe, dont l'Allemagne, et la loi a été utilisée pour prévenir une recrudescence des activités néo-nazies. A Lübeck en 1959, Otto Frank attaqua en justice Lothar Stielau, un professeur d'école, ancien membre des jeunesses hitlériennes, qui avait publié un prospectus scolaire décrivant le journal comme une contrefaçon. La Cour de justice examina le journal et, en 1960, le déclara comme étant authentique. Stielau rétracta ses précédentes déclarations et Otto Frank arrêta la procédure judiciaire.

     

      En 1958, Simon Wiesenthal fut défié par un groupe de manifestants lors de la représentation théâtrale du Journal d'Anne Frank à Vienne, qui affirmait qu'Anne n'avait jamais existé. Ces manifestants demandèrent à Wiesenthal de prouver l'existence d'Anne en retrouvant l'homme qui l'avait arrêtée. Il commença à chercher Karl Silberbauer et le trouva en 1963. Lors de son interviews, Silberbauer admit directement son rôle, et identifia Anne Frank à partir d'une photographie comme étant l'une des personnes arrêtées. Il fournit un compte rendu complet des évènements et se rappela qu'il avait vidé une valisette pleine de papiers sur le sol. Ses déclarations corroborèrent la version des évènements qui avait précédemment été présentée par des témoins oculaires comme Otto Frank. Aucune charge ne put être retenue contre Silberbauer, qui n'avait fait que suivre les ordres. Les informations qu'il donna ne permirent pas à Wiesenthal de trouver le dénonciateur de la famille Frank, qui reste une énigme pour les historiens.

     

      En 1976, M. Frank engagea une autre procédure contre Heinz Roth de Francfort, qui avait également publié des pamphlets proclamant que le journal était une contrefaçon. Le juge statua que s'il publiait de nouveaux écrits de ce type, il serait passible de 500 000 Deutsche Mark d'amende et d'une peine de six mois de prison. Deux autres plaintes furent rejetées par des tribunaux allemands en 1978 et 1979 sur base de la liberté d'expression, car la plainte n'avait pas été déposée par une des parties visées par les écrits. La Cour statua dans les deux cas que si la plainte avait été déposée par une partie concernée, comme Otto Frank, une charge pour calomnie aurait pu être retenue.

     

      La controverse atteignit son sommet avec l'arrestation et le jugement de deux néo-nazis, Ernst Römer et Edgar Geiss, qui furent jugés coupables de produire et de distribuer de la littérature dénonçant le Journal d'Anne Frank comme étant une contrefaçon, sur la plainte d'Otto Frank. Quand ils firent appel de leur condamnation, une équipe d'historiens étudia les documents en collaboration avec Otto Frank, et conclut qu'ils étaient authentiques. En 1978, durant la procédure d'appel des jugements Römer et Geiss, le laboratoire du tribunal criminel allemand (Bundeskriminalamt, BKA) eut pour tâche d'examiner le type de papier et les types d'encres utilisées dans le manuscrit du journal. Bien que ses conclusions aient indiqué que l'encre avec laquelle le journal avait été écrit était utilisée pendant la guerre, le BKA conclut que "les corrections subséquentes appliquées sur les pages volantes ont été écrites avec des stylos à bille noirs, verts et bleus". Bien que le BKA n'ait pas donné plus de précisions à propos de ces supposées corrections au stylo à billes, les négationnistes dénonçant l'authenticité du journal se sont focalisés sur cette phrase, car les stylos à bille ne sont devenus populaires qu'après la Seconde Guerre Mondiale.

     

      Le BKA publia en juillet 2006 un communiqué de presse dans lequel il déclara que les recherches effectuées en 1980 ne peuvent en aucune manière être utilisées pour remettre en cause l'authenticité du Journal d'Anne Frank.

     

      En 1986, le Laboratoire national de sciences légales néerlandais de Rijswijk exécuta une autre expertise technique exhaustive du manuscrit. Bien que le BKA fût invité par ce laboratoire à indiquer sur quelles pages volantes il avait détecté des corrections au stylo à bille, celui-ci fut incapable de présenter un seul exemple. Le laboratoire lui-même trouva seulement deux pages de manuscrits rédigés avec de l'encre de stylo à bille, qui avait été ajoutée dans les pages volantes du manuscrit. L'Edition Critique Révisée du Journal d'Anne Frank (publiée en 2003) fournit des images (pages 167-171) de ces deux pages du manuscrit et dans le chapitre résumant les découvertes faites par le Laboratoire National de Sciences Légales hollandais, H.J.J. Hardy écrit à ce sujet :

    "Le psychologue et expert en graphologie d'Hambourg Hans Ockleman déclare dans une lettre à la Fondation Anne Frank datée du 27 septembre 1987 que sa mère, Dorothea Ockleman, est l'auteur de ces morceaux de papier écrits au stylo à bille. Elle les écrivit quand elle collabora à l'étude des journaux avec Minna Becker."

     

     

      Après la mort d'Otto en 1980, le journal original, ainsi que les lettres et les feuilles volantes, furent réclamés par l'Institut national des documents de guerre des Pays-Bas, qui demanda une étude légale du journal au ministère de la Justice des Pays-Bas en 1986. Ils comparèrent le manuscrit et plusieurs exemplaires connus. Ils conclurent qu'ils concordaient mais aussi que le papier, la colle et l'encre utilisés étaient disponibles à l'époque à laquelle le journal est supposé avoir été écrit. Leur conclusion finale confirma l'authenticité du journal comme le fit également la Cour régionale de Hambourg le 23 mars 1990.

     

      Néanmoins, certains négationnistes ont persisté dans leurs affirmations selon lesquelles le journal est une contrefaçon. En 1991, Robert Faurisson et Siegfried Verbeke produisent un livret intitulé : Le Journal d'Anne Frank : une approche critique.  Ils déclarent qu'Otto Frank était l'auteur du journal, basé sur le fait que le journal contient plusieurs contradictions, que se cacher dans l'Annexe aurait été impossible et que le style et l'écriture d'Anne Frank ne seraient pas ceux d'une adolescente.

     

      En décembre 1993, la maison d'Anne Frank à Amsterdam et la Fondation Anne Frank de Bâle déclenchèrent une action au civil de manière à interdire la poursuite de la distribution du livret Le Journal d'Anne Frank : une Approche Critique aux Pays-Bas. Le 9 décembre 1998, la Cour du District d'Amsterdam statua en faveur des plaignants, rendant hors la loi tout déni concernant l'authenticité du journal, toute distribution des publications de même nature et imposa une amende de 25 000 florins par contravention constatée.

     

     

     

     

     

    Démentis et action judiciaire


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    Eloges d'Anne Frank et de son journal

     

     

     

      Dans son introduction de la première publication américaine du journal, Eleanor Roosevelt le décrivit comme "un des plus sages et bouleversants témoignages sur la guerre et son impact sur les êtres humains que j'aie jamais lu". L'écrivain russe Ilya Ehrenbourg dit plus tard : "une voix parle pour six millions d'autres - la voix non pas d'un sage ou d'un poète mais d'une petite fille ordinaire." A mesure que la stature d'Anne Frank en tant qu'écrivain et humaniste s'affirmait, on parla d'elle de manière spécifique comme de l'un des symboles de la Shoah et plus généralement comme le symbole de la persécution. Hillary Clinton, dans le discours qu'elle prononça lorsqu'elle reçut le prix humanitaire Elie-Wiesel en 1994, lut le journal d'Anne Frank et parla d'elle comme "nous éveillant à la folie de l'indifférence et au terrible prix qu'elle faisait peser sur notre jeunesse", que Clinton reliait aux évènements alors en cours à Sarajevo en Somalie et au Rwanda. 

     

      Après avoir reçu un prix humanitaire de la Fondation Anne-Frank en 1994, Nelson Mandela, s'adressant à la foule à Johannesbourg, déclara qu'il avait lu le journal d'Anne Frank pendant son emprisonnement et que celui-ci lui avait donné beaucoup de courage. Il compara la lutte d'Anne Frank contre le nazisme avec sa lutte contre l'Apartheid, décrivant un parallélisme entre les deux philosophies avec le commentaire "parce que ces croyances sont évidemment fausses, et parce qu'elles étaient, et seront toujours, défiées par des personnes semblables à Anne Frank, elles sont vouées à l'échec."

     

     

      Le journal a aussi été reconnu pour ses qualités littéraires. Commentant le style d'écriture d'Anne Frank, le dramaturge Meyer Levin, qui travailla avec Otto Frank sur la mise au point d'un drame basé sur le journal peu de temps après sa publication, loua sa capacité à "entretenir la tension d'une nouvelle bien construite", tandis que le poète John Berryman écrivit qu'il s'agissait d'une description unique, non seulement de l'adolescence mais aussi "de processus mystérieux et fondamental d'un enfant devenant adulte comme si cela était en train de se dérouler". Sa biographe Melissa Müller dit qu'elle écrivait "dans un style précis, économique et confiant époustouflant d'honnêteté". Son écriture est principalement une étude de caractères et elle examine chaque personne de son cercle avec un regard judicieux et intransigeant. Elle est parfois cruelle et souvent biaisée, en particulier dans sa description de Fritz Pfeffer et de sa propre mère. Müller explique qu'elle canalisa les sautes d'humeur normales de l'adolescence par ses écrits. Son examen personnel et celui de son entourage est soutenu pendant une longue période de manière très critique, analytique et introspective, et dans des moments de frustration elle dépeint la bataille intérieure dont elle fait l'objet entre la "Bonne Anne" qu'elle voudrait être, et la "Mauvaise Anne" qu'elle pense incarner. Otto Frank rappela plus tard son éditeur pour lui expliquer la raison pour laquelle il pensait que le journal avait été lu par tant de monde; selon lui "le journal aborde tant d'étape de la vie que chaque lecteur peut y trouver quelque chose qu'il l'émouvra personnellement."

     

      En juin 1999, Time Magazine publia une édition spéciale intitulée TIME 100 : Heroes & Icons of the 20th century; une liste des politiciens, artistes, innovateurs, scientifiques et personnalités les plus influentes du XXè siècle. Anne Frank fut choisie pour en faire partie. L'écrivain Roger Rosenblatt, auteur de Children of War, écrivit le passage consacré à Anne Frank dans lequel il décrit son héritage :

     

      "Les passions déchaînées par ce livre suggèrent qu'Anne Frank appartient à tous, qu'elle s'est élevée au-dessus de la Shoah, du Judaïsme, de la féminité et du bien, pour devenir une icône du monde moderne - la moralité individuelle assaillie par le mécanisme de la destruction, insistant sur le droit de vivren questionnant et espérant pour le futur de la condition humaine."

     

     

     

     

    Eloges d'Anne Frank et de son journal

     

     

     

     


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